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    INTERROGÉ sur TF 1, dimanche 7 novembre, sur l'affaire de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF) et la démission de Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement a déclaré qu'il n'accordait « aucune espèce de réalité » aux informations fournies par la presse sur l'analyse de la police scientifique au sujet des documents concernant le travail de l'ancien ministre. « Je peux vous dire, a indiqué le ministre de l'intérieur, qu'un certain nombre d'informations publiées dans la presse sur la rame de papier, les polices de caractères, tout cela ne répond à aucune espèce de réalité. »

    Libération avait indiqué, lundi 1er novembre, que le laboratoire de police technique et scientifique de la préfecture de police de Paris avait analysé des documents saisis au siège de la MNEF et chez des avocats. Parmi eux figuraient des documents permettant de justifier les 603 000 francs perçus par M. Strauss-Kahn en tant qu'avocat dans le cadre d'une négociation entre la holding de la mutuelle, Raspail Participation et Développement (RPD) et la Compagnie générale des eaux (ex-CGE devenue Vivendi). Selon Libération, les enquêteurs estimaient que la date de vente des feuilles de papier était postérieure aux dates indiquées sur les pièces saisies. De plus, ajoutait le quotidien, les polices de caractères d'imprimerie utilisées pour la frappe de documents n'existaient pas lorsque les textes étaient censés avoir été rédigés.

    Après avoir repris dans un premier temps ces informations, Le Monde avait rectifié cette relation des faits dans son édition du 4 novembre. Nous indiquions alors, de sources judiciaires, que, selon les enquêteurs, quatre documents signés de la main de M. Strauss-Kahn et adressés à Olivier Spithakis, alors directeur général de la MNEF, et à Philippe Plantagenest, directeur de RPD, auraient pu avoir été antidatés. Selon le rapport d'expertise, ces quatre pièces auraient été rédigées sur des feuilles issues de la même rame de papier alors qu'il existe treize mois d'écart entre la rédaction du premier et celle du dernier.

    Interrogé par les juges, M. Plantagenest a reconnu avoir antidaté la lettre d'engagement de M. Strauss-Kahn datée du 13 décembre 1994. Il a ajouté n'avoir jamais reçu le courrier, daté du 19 décembre 1994, adressé par M. Strauss-Kahn à la MNEF, dans lequel celui-ci accepte la mission d'avocat-conseil confiée par la mutuelle.

    Jacques Follorou

    Le Monde